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L'incredibeul Dr Ffolkes
16 août 2007

"Avec le froid qu'il fait, mieux vaut prendre une veste !" (Mon tailleur)

Le délicat Mike a lancé sur son blog un petit jeu ("Autant en emporte le vent") qui consiste à narrer sa plus belle veste sentimentale. Comme il n'y a rien à gagner, on peut estimer que c'est uniquement pour la gloire, la presse people et l'amusement du peuple. Par masochisme aussi, sûrement.
Comme aujourd'hui je suis d'humeur ludique, je vais faire un bref voyage dans le passé et revivre avec vous des événements peu glorieux qui refusent obstinément de disparaître dans les oubliettes de ma mémoire.

C'était donc il y a bien longtemps...

Elle avait un tour de poitrine à faire damner tout un panthéon, et ce cadeau divin rayonnait dans la plus charmante vivacité de sa jeunesse. Et elle s'appelait N.
Mais pour mes parents, c'était la "fille du parc à moutons". Parce qu'allez savoir pourquoi, en pleine ville, devant chez les siens (de parents), il y avait un parc à moutons. Même pas à eux. Il était juste planté là, ce parc, devant ses fenêtres. Et mes parents avaient le sens de la formule. Mais moi, je m'en secouais les joyeuses, parce que j'en étais un peu namoureux, de la fille du parc à moutons, même que je trouvais ça drôlement mignon parce que ça me faisait penser à La bergère et le ramoneur. C'était bô. C'était romantique. C'était tout moi à l'époque.
Cela faisait des mois que je lui tournais autour comme la mouche avec un pot de confiture de groseilles, allant jusqu'à trouver vââââââââchement bien Jean-Jacques Goldman uniquement parce qu'elle en était fana.

Et puis un jour est arrivée L'OCCASION : la fête qui venait clôturer les épreuves du bac. Une orgie défoulatoire et catharsisante avec des flots de pousse-au-crime, de la musique, de la sueur, des déhanchés hasardeux, du monde au balcon et des mains baladeuses.
J'ai réussi à la convaincre de m'accompagner.

Ce soir-là, en passant la chercher, j'ai brutalement régressé au stade primaire, avec des poils, des silex et un gourdin, en découvrant la robe au décolleté plus que plongeant dont elle s'était parée pour la soirée. J'ai dû penser à Yvette Horner pour faire disparaître rapidement l'infernale érection qui menaçait mon sens de l'équilibre.
Aussitôt arrivés - sous les regards envieux de quelques copains qui, d'un coup, me détestaient - j'ai proposé à la belle bergère un petit rafraîchissement qu'elle s'est empressée d'accepter. J'en avais du reste bien besoin moi aussi ; quelle chaleur il faisait là-dedans !
Devant les multiples choix d'un bar long comme une journée sans blog, elle a opté pour un verre d'Orangina. (A l'époque, une fille ne buvant pas d'alcool était chez moi un critère de sélection ; ce qu'on est bête à 17 ans !) Ni une ni deux, je me suis emparé de la bouteille que j'ai ouverte d'un geste viril et décidé.

...

Si un jour je tiens entre mes mains l'infâme trou-du-cul qui avait, peu de temps auparavant, joué des maracas avec ladite bouteille, je le transforme en puzzle, avec tellement de pièces que même sa mère ne pourra pas le reconstituer.
Car ma délicieuse cavalière était repeinte en pulpe jaune de la tête aux pieds, ce qui, à mon grand étonnement, n'eût pas l'heur de lui plaire. J'ai bien failli lui dire qu'elle était déjà très pulpeuse avant, mais devant ses yeux furibonds j'ai préféré m'abstenir.

Le reste fut un grand vide embrumé de vapeurs d'alccol, dans lequel je distingue encore aujourd'hui, une déesse accidentellement ointe ne m'adressant plus du tout la parole à l'exception de quelques grognements peu amènes, une meute de sourires narquois partout où je me trouvais, mon visage pourpre de honte dans le miroir des toilettes pour filles (celles des mâles étant durablement squattées par un couple plein de vigueur), des verres enfilés les uns à la suite des autres et une fin de soirée assis dehors, avec mon pote Néric (qui avait dû fuir les avances d'une grande blonde un peu niaise nommée Aurore mais qu'on avait rebaptisée "Crépuscule" ; ce qu'on est cruel quand on a 17 ans !) à disserter sur le sens de la vie, sur notre no future sentimental et sur la complexité de la relation filles-garçons.
Puis j'ai fini par ramener chez elle l'ondine, qui sentait fort l'orange gazeuse, sans échanger le moindre mot ni le moindre baiser, aussi chaste fut-il. Nous nous sommes souhaités bonne nuit un peu froidement, j'ai regardé une dernière fois les moutons d'un oeil hagard et triste, et je ne l'ai jamais revue. Je ne suis repassé qu'une seule fois près de chez elle ; ils avaient installé un dos d'âne devant le parc à moutons.

Je n'ai plus jamais bu d'Orangina.

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Commentaires
J
Le clou de l'histoire, et je viens de m'en rappeler... c'est qu'en fin d'après-midi quand je suis revenu chercher mon espèce de chaine hi-fi que je lui avais en plus prêtée à cette chienne, quand elle m'a vu arriver, elle lança un "alleluiah !", ce à quoi je répondis dans mon sens de la rime "orangina !". D'un ridicule...<br /> Mais en même temps, voila, la boucle est bouclée avec l'histoire de Ffolkes. C'est un putain d'Orangina qui nous réunit aujourd'hui...
G
J'ai jamais eu de problème avec l'humour de mes copines.<br /> Faut dire que je ne leur demande pas de parler
N
Un bon coup a Forcément le sens de l'humour ! sinon je t'assure, il manque vraiment un truc.
D
Captain> On ne divulgue pas de choses personnelles sur ce blog, merci ! (Vieux salopard !)<br /> No> Oui, tiens, je vais me rassurer comme ça. Question : un bon coup doit-il forcément avoir de l'humour ?
N
Elle n'avait pas d'humour, donc ce n'était surement pas un bon coup. Alors pas de regrets mon cher confrère
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