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L'incredibeul Dr Ffolkes
22 juin 2007

Il y a un an, y a un siècle, y a une éternité...

L'année dernière, pour moi, la fête de la zizique c'était ça :

"Plus j'y repense, plus je me dis que, finalement, c'est une mauvaise idée de vous narrer par le menu le récit de mes exploits de spécialiste du massage cardiaque et du bouche-à-bouche.
C'est vrai, ce genre de littérature doit être éprouvant pour vous, si chers (parce que si rares) lecteurs. Oui, enfin, Doc, un peu de tenue ! Nous ne savons pas à qui nous avons affaire ! Peut-être êtes-vous sensibles, faciles à dégoûter, "nareux" comme disent les Mosellans ? Alors à quoi bon essayer de vous divertir avec des histoires de viande saoule en grande expérimentation de "Moi-aussi-je-customise-mes-fringues-avec-du-vomi" ? A quoi bon tenter de vous arracher un sourire indulgent en évoquant ces secouristes mâles, le front haut, l'oeil aux aguets, le sourire indestructible, les muscles bandés et le stétoscope en bandoulière pour impressionner, voire charmer, une gent féminine incroyablement nombreuse ?
Non, c'est peine perdue, j'y renonce.

Dommage. Je ne vous conterai donc pas comment nous nous sommes retrouvés à sept à l'arrière de l'ambulance...
C'est ce qui arrive quand on a DEUX victimes et UNE ambulance.
Bref, pendant que je soignais le pied d'une charmante jeune fille aux cheveux flamboyants comme les rayons du soleil, mes collègues rafistolaient l'autre pied d'une autre charmante jeune fille, chinoise de surcroît et ne parlant pas un mot de français. Heureusement son compagnon, tout aussi chinois, assurait tant bien que mal la traduction. Mais allez faire comprendre "On va faire un bilan : ventilation, pouls, tension", déjà que, même dans leur langue maternelle, les trois quarts de nos victimes ne voient pas trop à quelles tortures on veut les soumettre... Et essayez la même chose avec les mains (pour mieux appuyer les propos) quand elles sont couvertes de gants en latex ! Là, en général, la victime tourne de l'oeil. Mais non, notre petite chinoise a relevé le défi bravement, sans la moindre plainte ni grimace. Respect.
C'est avec une lumière admirative dans nos regards d'airain que nous la regardâmes s'en aller, fièrement cramponnée à sa robuste monture, ou, dit autrement, à califourchon sur le dos de son copain. Héroïque, le tableau. Et émouvant aussi.

Mais revenons-en à ma blonde victime.
Pendant que mes amis faisaient dans le pansement sinophile, je m'employais à nettoyer et désinfecter consciencieusement la plaie de la demoiselle. Faute de place je me retrouvais donc à genoux devant elle, nonchalamment assise sur la banquette, son petit pied reposant sur mon genou. Il y avait un petit côté Cendrillon dans la posture... Il faisait une chaleur torride aussi, moins à cause de notre promiscuité que de la densité anormalement élevée de secouristes et de victimes au mètre carré. C'est donc en sueur que je m'acharnais à lui faire le plus beau pansement de ma carrière pendant qu'elle se délectait d'une glace Häagen-Dazs. J'ai rarement vécu plus invraissemblable situation dans ce contexte ! Et que vouliez-vous que je lui dise ? A part "Attention, ça coule" ?

En fait, nous avons fait cela une bonne partie de la soirée. Je n'ai jamais vu défiler autant de pieds entaillés ! On aurait presque pu faire un concours d'orteils... L'équation était pourtant fort simple : nombreuses bouteilles jetées par-terre + joli tapis pur tessons + grosse chaleur + jeunes filles en tong = un pied à soigner toutes les deux minutes + un secouriste exclusivement affecté au rinçage de tongs pleines de sang. Gratifiant, n'est-ce pas ?

Mais nous avons également eu droit à quelques morceaux de bravoure, notamment un message radio d'une autre équipe de secours, qui donnait à peu près ça : "Nous sommes en présence d'une victime qui fait un malaise et qui ne se sent pas bien". Bon. Je rappelle pour tout le monde la définition du malaise : "Etat d'une personne qui n'est pas à son aise et qui a la sensation pénible d'un trouble dans les fonctions physiologiques". On peut donc légitimement supposer que la victime qui fait un malaise a peu de chance de se sentir super en forme ! Mais je ne connais peut-être pas toutes les pathologies non plus...

Enfin, j'ai râté une belle occasion d'améliorer nos finances ! Un couple est en effet venu me demander s'il pouvait "le faire" dans l'ambulance. J'ai réagi un peu vivement. Je le regrette. Ca doit pouvoir se monnayer cette affaire-là... A méditer, donc.

Après ce débalage nocturne de pieds, de bons mots et d'hormones, nous pûmes enfin rejoindre nos pénates. Coucher 4h00, lever 6h00 : une bonne nuit de sommeil avant d'attaquer le boulot ! Grandeurs et servitudes d'une vie de secouriste...

Engagez-vous, rengagez-vous, qu'y disaient !"

...

Et ben cette année, CE FUT PIRE !!!

(A suivre...)

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Commentaires
D
Zabouchka> Des lecteurs de l'année dernière, j'ai l'impression qu'il n'en reste plus beaucoup. C'est donc pour les nouveaux que j'ai organisé cette petite séance de rattrapage.<br /> Et puis comme le disaient les Romains : Bis repetita...
Z
ça va, pas trop fatigé par ce copié-collé d'un texte de l'année dernière que les fidèles (dont je fais partie) ont déjà eu le plaisir de lire?<br /> tsssss, je suis un tantinet déçue, professeur, j'espère que vous vous rattrappez dans les posts suivants (que je m'en vais lire de ce pas, histoire de respecter la chronologie)
I
J'ADOREEEEEEEEE ET JE VIENS DE RIRE COMME JAMAIS, DEPUIS FORT LONGTEMPS LOL. Bisous mon ami
O
Excellent.<br /> Non seulement tu es un héros Dr Ffolkes, mais en plus un héros rigolo.
J
Ouais je vois, ça devait pas être... le pied !...
L'incredibeul Dr Ffolkes
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